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15/11 baleine sonar

le marin


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Publié le 15/11/2024 à 11h12


La mort d’une baleine près de l’île de Ré en 2021 « probablement » causée par un sonar militaire


L’enquête menée par des scientifiques sur l’échouement d’une baleine en février 2021, à Ars-en-Ré, met en cause une frégate de Naval group destinée à l’export qui effectuait des essais de sonar. L’industriel et la préfecture maritime indiquent avoir travaillé sur le sujet pour éviter de tuer ou blesser les cétacés.


Des tests industriels de sonar militaire dans une aire marine protégée ont  probablement  causé la mort d’une baleine retrouvée il y a trois ans sur l’île de Ré, selon des scientifiques qui réclament plus de régulation pour protéger les mammifères.

Le 2 février 2021, une baleine à bec de Cuvier s’échoue sur une plage d’Ars-en-Ré (Charente-Maritime). La nécropsie de cette femelle révèle des hémorragies internes aux poumons, à la rate et au foie  « compatibles avec une mort traumatique liée à un choc impulsionnel » , relate Jérôme Spitz, codirecteur de l’observatoire Pelagis à La Rochelle. D’emblée, la piste d’un sonar fait l’objet d’une  « forte suspicion » .

Une enquête menée depuis par un comité scientifique réuni autour de l’association Esprit de Velox, qui porte un programme de recherche et innovation sur l’océan, a corroboré l’hypothèse. Selon les conclusions révélées par le journal Sud Ouest et publiées en octobre dans la revue Nature Sciences Sociétés, l’animal était mort environ un mois avant son échouage.

Via l’étude des courants, les chercheurs ont reconstitué sa dérive et repéré la zone du décès au large de l’île Via l’étude des courants, les chercheurs ont reconstitué sa dérive et repéré la zone au large de l’île de Noirmoutier, dans le périmètre classé Natura 2000 des mers Celtiques et du talus du golfe de Gascogne. Une frégate militaire était alors en exercice dans cette zone sous maîtrise d’œuvre de l’industriel Naval group, qui réalisait  « des essais de qualification avant livraison […] pour un client étranger » , notamment  « des tests de sonar » , confirme Gaëlle Rousseau, chargée de l’écoconception du groupe.


Évolution des pratiques


Le constructeur avait demandé à la préfecture maritime de l’Atlantique où mener ces essais  « à puissance maximum, dans des fréquences opérationnelles classiques pour la chasse au sous-marin », ajoute-t-elle. Les autorités expliquent avoir indiqué la zone concernée en pensant que Naval group  « appliquerait les mêmes précautions que la marine ».  « C’était la première frégate prévue à l’export à faire des essais. Dorénavant, on vérifiera davantage », souligne la préfecture maritime, évoquant  « un cas assez unique ».

Naval group a travaillé depuis avec des acousticiens pour quantifier l’impact environnemental des sonars – ses données en la matière  « n’étaient pas très riches », admet Gaëlle Rousseau – et revu ses procédures. Désormais, l’industriel augmente progressivement la puissance des sonars  « afin que le son fasse fuir les animaux dérangés avant de les blesser »  et s’assure de ne pas effectuer les tests dans une aire protégée.

Tout essai est aussi précédé d’une veille visuelle préalable de 30 minutes minimum.  « De nuit, on passe par les écoutes. On peut également utiliser un outil cartographique qui recense la présence des baleines », détaille la responsable. La Marine nationale, elle, s’impose ces précautions  « depuis le début des années 2000 », souligne la préfecture maritime de l’Atlantique.


« Il n’y aura pas d’interdiction totale »


La réglementation en vigueur dans les zones protégées demeure toutefois très parcellaire. Dans celle concernée, le document d’objectifs, qui permet la gestion d’un site Natura 2000,  « n’est pas finalisé », selon les autorités. Mais  « il n’y aura pas d’interdiction totale »  de ce type d’essais, ajoutent-elles, arguant de raisons de sécurité,  « particulièrement dans le contexte international actuel ».

La réglementation ne prend pas en compte le bruit  « impulsionnel », caractéristique du sonar, mais seulement celui lié à la propulsion. Surtout, elle prend en compte uniquement les navires civils.

François Frey, fondateur d’Esprit de Velox, réclame  « la même chose pour les militaires »  car  « on ne peut pas demander aux autres de faire très attention 365 jours par an, pour que le 366e, un bateau de guerre vienne tuer des baleines » . Il prône une véritable  « prise en compte » des aires marines protégées :  « Elles sont importantes, en nombre et en superficie, mais on y fait du chalutage, de la recherche pétrolière, de l’éolien, etc., ce sont des zones de papier dépourvues de règles » .

Les scientifiques évoquent de nombreux précédents, comme en 2023 à Chypre ou au printemps en Corse, lorsque trois baleines à bec de Cuvier se sont échouées après un exercice militaire dans le sanctuaire Pelagos, entre l’Italie et la France. Une frégate anti-sous-marin française, équipée d’un sonar,  « a effectivement perçu la présence de mammifères marins (non identifiés) en mer Tyrrhénienne », selon la préfecture maritime de la Méditerranée. Le navire  « a immédiatement adapté son comportement et appliqué les règles nationales en vigueur »  limitant l’emploi des sonars dans les zones concernées  « afin de préserver les cétacés détectés », ajoutent les autorités.


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