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24/12 Echos prix négatifs

Les Echos

 

Publié le 24 déc. 2024 à 17:45 Mis à jour le 25 déc. 2024 à 17:39

Par Amélie Laurin

 

 

Prix négatifs de l'électricité : la France veut

mettre au pas les centrales solaires et éoliennes

 

  • Alors que le phénomène prend de l'ampleur en France, le régulateur de l'énergie propose de limiter les heures à prix négatif en amendant les contrats historiques conclus entre l'Etat et les producteurs solaires et éoliens.

 

Les heures à prix négatifs sont notamment observées entre 12 heures et 16 heures. Les centrales solaires tournent alors à plein régime, mais la demande d'électricité est faible.

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Ils sont devenus la bête noire du marché de l'énergie. Encore rarissimes il y a quelques années, les épisodes de prix négatifs de l'électricité se multiplient dans l'Hexagone. Au point que les autorités souhaitent endiguer le phénomène, provoqué principalement par un surplus de production d'énergie solaire.


Gendarme du secteur, le Commission de régulation de l'énergie (CRE) mène la charge, dans une série de recommandations publiées fin novembre. Elles suivent la tentative de régulation du précédent gouvernement, dans son projet de budget 2025, et les préconisations faites l'été dernier par RTE, le gestionnaire des lignes à haute tension.


10 % d'heures négatives au deuxième trimestre


Les heures négatives sur le marché spot (pour livraison le lendemain, donc distinct des contrats à prix fixe des particuliers et de la majorité des contrats des entreprises) ont pris de l'ampleur cette année en raison d'un effet ciseau défavorable. La consommation d'électricité reste inférieure au niveau d'avant-Covid en France, alors que l'offre d'énergies renouvelables est toujours plus abondante et la production des centrales nucléaires quasiment revenue à la normale.


Jamais supérieur à 102 heures par an jusqu'en 2022, le phénomène d'heures négatives a duré 147 heures en 2023, avant de bondir à 235 heures sur le seul premier semestre 2024, selon la CRE. Cela signifie qu'à fin juin, l'offre d'électricité a dépassé la demande durant 5,4 % du temps. La proportion a même grimpé à 10,2 % du temps au deuxième trimestre.


Ces épisodes se situent majoritairement entre 12 heures et 16 heures, période de fort ensoleillement où les besoins des ménages sont au plus bas, et le week-end, lorsque beaucoup d'entreprises sont à l'arrêt.


Un coût de 30 millions d'euros pour l'Etat en 2024


Ce déséquilibre ne traduit pas « un dysfonctionnement du système électrique ou du marché » mais « une utilisation sous-optimale du parc de production installé, engendrant une perte économique pour la collectivité », explique le régulateur. Pour l'Etat, la facture atteint « 30 millions d'euros » en 2024, indiquait le gouvernement Barnier, dans un amendement au projet de Budget 2025 qui extrapolait les données semestrielles sur une année entière.


En cas de prix négatif, l'Etat compense en effet le manque à gagner pour les centrales qui bénéficient de contrats avec obligation d'achat. Celles-ci représentent une grosse moitié des 69 GW de capacités solaires et éoliennes en France. La CRE propose d'amender donc une partie des contrats historiques, afin d'inciter ces installations à interrompre leur production lors des heures à prix négatif. Elle vise en priorité les premières grandes fermes éoliennes en mer installées en face de Saint-Nazaire, Yeu-Noirmoutier, Fécamp ou Saint Brieuc.


A priori, les producteurs ne sont pas contre faire bouger les lignes mais ils veulent le faire sur la base du volontariat, sans toucher aux contrats déjà signés avec l'Etat. « La filière des énergies renouvelables doit faire des efforts pour éviter les prix négatifs, concède Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables. Nous ne sommes pas opposés à une déconnexion des centrales qui bénéficient quoi qu'il arrive, d'un tarif d'achat. Mais il faut éviter de revenir sur les contrats déjà signés car cela pose un problème de confiance. Pour ce type de contrats historiques, cela ne peut marcher que sur la base du volontariat ».


Décaler les heures creuses


Au-delà du cas des centrales avec obligation d'achat, le régulateur souhaite renforcer les dispositifs d'incitation à couper la production et corriger des biais, pour le quart du parc solaire et éolien qui bénéficie d'un mécanisme de complément de rémunération (le quart restant ne profitant pas de mesures de soutien).

Pour mieux équilibrer l'offre et la demande électrique, la CRE propose aussi que les énergies renouvelables contribuent plus à la programmation de la production, en concertation avec RTE. Encore faut-il que les installations soient équipées d'outils permettant de piloter la production à distance. Autre piste, le stockage d'énergie sur batteries, encore balbutiant

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