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Le 17 novembre, le ministère de la transition énergétique a publié sur son site « eoliennesenmer.fr » la liste des 12 candidats sélectionnés pour participer à la phase de dialogue concurrentiel de l’appel d’offres groupé AO9 concernant 4 projets éoliens en mer, dont l’extension du projet Bretagne-Sud AO5. Celui-ci a été attribué en mai dernier au groupement PENNAVEL composé du Belge ELICIO, et de l’Allemand BAYWA r.e.
La liste en question révèle que les deux composantes de PENNAVEL ont décidé de concourir séparément : BAYWA r.e est sélectionné seul alors qu’ELICIO l’est dans le cadre d’un nouveau groupement avec deux autres sociétés, Q ENERGY et Kansas Electric.
La raison de ce divorce, est à rechercher dans la situation de BAYWA. La maison-mère bavaroise BAYWA AG est le plus grand distributeur de produits agricoles et de matériaux de construction d’Allemagne ; elle se bat pour sa survie depuis mi-juillet 2024, où sa cote à la bourse de Francfort a décroché de 50%.
A la fin des années 2000, le groupe s’était diversifié dans les parcs éoliens et solaires par le biais de sa filiale BAYWA r.e (renewable energies), qu’il contrôle à 51%. C’est BAYWA r.e. qui allait remporter l’appel d’offres AO5, avec le Belge Elicio. C’est elle aussi qui est au cœur des problèmes du groupe et a généré la plus grande partie d’un endettement massif de 5,5 milliards d’euros.
La descente aux enfers de BAYWA
Malgré un apport d’environ 1 milliard d’euros par les actionnaires et les banques créancières, malgré une dépréciation de 222 millions d’euros des actifs, principalement dans BAYWA r.e., la situation ne s’est pas améliorée et l’action a repris sa dégringolade ; depuis octobre, elle est au-dessous de la valeur symbolique de 10 euros par action, par exemple 8,23 euros le 15 novembre, en baisse de 63% par rapport à juillet.
Récemment, la presse financière allemande a annoncé deux nouveaux coups durs : d’abord, le 11 novembre, l’agence de presse dpa-AFX de Bonn révèle que l’autorité allemande de surveillance des services financiers, BAFIN, a décidé de contrôler les comptes consolidés 2023 du groupe BAYWA, des indices concrets montrant que la présentation de la situation financière et des risques liés au financement du groupe était erronée. Ensuite c’est l’agence REUTERS qui annonce le 13 novembre la démission de Wolfgang Altmüller de son poste de vice-président du conseil de surveillance de BAYWA AG ; il y représentait le principal actionnaire de BAYWA et dirige plusieurs institutions bancaires bavaroises. Son départ semble indiquer le lâchage de BAYWA par le tissu du capital coopératif bavarois.
Une solution de dernière chance est à l’étude, la cession partielle ou totale de BAYWA r.e.
On comprend dans ces conditions, que nulle entreprise ne veuille choisir un tel partenaire financier pour participer à un grand projet industriel tel que l’AO9, où de plus il n’apporte aucune plus-value technique…
On comprend moins comment le gouvernement français a pu décider de qualifier BAYWA r.e.pour concourir à l’appel d’offres AO9, sa solidité financière étant objectivement en défaut et ses références techniques en matière d’éolien marin voisines de zéro..
On se demande légitimement dans ces conditions comment PENNAVEL peut subsister et comment les projets AO5, et par contrecoup son extension dans le cadre d’AO9, peuvent se poursuivre…
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Sources : www.zonebourse.com