--
Nouveau paragraphe
le marin
Loïc FABRÈGUES.
Publié le 03/02/2025 à 15h56
Après l’annulation d’un appel d’offres, le Danemark va revoir
sa copie pour l’éolien en mer
La relance du marché de l’éolien en mer au Danemark passera par une réforme de ses appels d’offres. Le gouvernement a annulé sa dernière procédure pour l’attribution de trois parcs mais en promet une nouvelle dans le courant de l’année avec de meilleures conditions.
Lars Aagaard, le ministre danois en charge du climat et de l’énergie, doit désormais convaincre de la nécessité d’intégrer un soutien financier de l’État dans les appels d’offres pour l’éolien en mer. |
Newsletter Énergies marines
Bas du formulaire
Le marché de l’éolien en mer au Danemark est à l’image d’Orsted, son champion national dans le secteur : il est en crise. Après le camouflet de décembre où l’appel d’offres pour les premières parcelles de ce qui devait devenir le plus grand parc du pays n’a attiré aucun candidat, le gouvernement a décidé d’en suspendre la suite. Il a annulé la procédure pour les zones de Hesselo, Kattegat et Kriegers Flak II, soit les 3 GW prévus dans la seconde tranche. Les candidats avaient jusqu’au 1er avril pour déposer leurs dossiers.
Le Danemark et l’Europe ont besoin d’électricité et d’énergie vertes, mais nous sommes dans une situation difficile où nous n’aurons pas plus d’énergie éolienne offshore si nous ne changeons pas de cap immédiatement , a expliqué Lars Aagaard, le ministre danois du Climat, de l’Énergie et des Services publics. La solution à l’étude est d’améliorer les conditions des appels d’offres avec comme principal levier la possibilité pour les lauréats d’obtenir un soutien financier de l’État.
Un nouvel appel d’offres dès cette année
À l’image de l’Allemagne, le Danemark ne prévoit aucune aide pour le rachat de l’électricité produite par des éoliennes offshore. Elle doit être vendue sur le marché de gros ou au travers de contrats de gré à gré avec des entreprises. Là où l’Allemagne produit seulement 59 % de son électricité avec des sources décarbonées, ce qui soutient la demande, le Danemark est à 84 %. Le marché est donc plus risqué pour les développeurs d’où leur frilosité à s’engager dans des projets à plusieurs milliards d’euros.
Le gouvernement danois s’apprête donc à ouvrir les discussions au Parlement sur cette réforme des conditions de ses appels d’offres. Et annonce, d’ores et déjà, lancer les travaux préparatoires en vue d’ouvrir de nouvelles procédures pour 2 à 3 GW d’éolien en mer dès cette année avec un soutien de l’État et plus de flexibilité pour les candidats . Leur attribution est prévue pour le printemps 2026.
Loïc FABRÈGUES.
Publié le 06/02/2025 à 12h59
Le leader de l’éolien en mer Orsted réduit la voilure
pour son programme d’investissement
Orsted a annoncé lors de la présentation de ses résultats pour 2024, le jeudi 6 février, une baisse de 25 % de ses investissements d’ici 2030. Pour le géant danois de l’éolien en mer, il s’agit de retrouver une assise financière saine alors que le marché s’est compliqué pour les développeurs.
Orsted annonce une augmentation de 3,6 milliards de couronnes danoises, soit 500 millions d’euros, des revenus de ses parcs éoliens en mer.
De 300 milliards de couronnes danoises, soit 40 milliards d’euros d’investissements programmés sur la période 2024-2030, Orsted va ramener l’enveloppe à une trentaine de milliards d’euros. Cette décision, annoncée le jeudi 6 février lors de la présentation de ses résultats pour 2024, ne devrait pas remettre en cause la place de leader mondial de l’éolien en mer de l’énergéticien danois. D’ici 2028, il prévoit de quasiment doubler la capacité de ses parcs en exploitation pour la passer de 9,9 GW aujourd’hui à 18,4 GW.
L’entreprise, basée à Fredericia, prévoit de mener à leur terme les projets engagés en Allemagne (Borkum riffgrund 3 et Gode wind 3), à Taïwan (Changhua 2b et 4), aux États-Unis (Revolution wind et Sunrise wind), au Royaume-Uni (Hornsea 3) et en Pologne (Baltica 2). Le marché reste difficile mais je tiens à souligner qu’Orsted continue de croire aux perspectives de création de valeur de l’éolien offshore et des énergies renouvelables en général, sur la base du doublement prévu de la demande mondiale d’électricité d’ici 2050 , a expliqué Rasmus Errboe, nouvellement nommé PDG du groupe.
La stratégie d’investissement redéfinie
Orsted concède, en revanche, qu’il abandonne son objectif de 35 à 38 GW de capacité en service en 2030 pour l’ensemble de son portefeuille de renouvelables. Entre les projets en exploitation et ceux en construction dans l’éolien terrestre, le solaire, les bio-énergies et l’éolien offshore, Orsted doit atterrir à 27,4 GW. Quant aux nouveaux projets qui viendront alimenter ce portefeuille, le choix se fera en donnant la priorité aux zones géographiques et aux technologies présentant le potentiel de création de valeur le plus attractif , a prévenu l’entreprise. Les projets éoliens en mer Hornsea 4 et Baltica 3 ainsi que les appels d’offres européens cochent ses cases pour Orsted.
Sur le plan financier, le groupe danois se reprend et termine l’année 2024 sur un bénéfice (2,1 millions d’euros) alors qu’il affichait une perte de 2,7 milliards d’euros en 2023, plombé par l’abandon des projets éoliens en mer Ocean wind 1 et 2 aux États-Unis. Un dossier dont il s’est sorti mieux que prévu. Nous avons réussi à renégocier et à régler les contrats liés à la fermeture d’Ocean wind avec un meilleur résultat que prévu qui permet de réintégrer pour 7,3 milliards de couronnes danoises (1 milliard d’euros) de frais d’annulation , a indiqué Rasmus Errboe.
Un résultat d’exploitation revu à la baisse
Le résultat d’exploitation (Ebitda) s’en trouve conforter avec une hausse de 71 % par rapport à 2023. Il a aussi bénéficié de la hausse des revenus tirés de l’éolien en mer portés par l’augmentation des capacités mises en service en 2024, un meilleur régime de vent comparé à 2023 et l’indexation sur l’inflation de ses contrats de rachat de l’électricité. Reste qu’Orsted remise sa prévision d’un résultat d’exploitation, hors nouveaux partenariats et frais d’annulation, compris entre 5,2 et 5,8 milliards d’euros à 2030. Pour 2025, il espère 3,5 milliards d’euros et se situer aux alentours de 4 milliards d’euros en 2026.
avec AFP
Publié le 05/02/2025 à 12h40
Le norvégien Equinor recule dans l’éolien en mer et accélère
dans les hydrocarbures
Le géant norvégien de l’énergie Equinor annonce à son tour, mercredi 5 février, revoir à la baisse ses ambitions dans les énergies renouvelables, dont l’éolien en mer, et à la hausse sa future production d’hydrocarbures.
Le parc éolien flottant Hywind Tampen, situé entre les champs pétroliers et gaziers Snorre et Gullfaks d’Equinor, a été inauguré en mer du Nord, au large de Bergen, en août 2023. | OLE BERG-RUSTEN / NTB / AFP
L’objectif de posséder entre 12 et 16 gigawatts (GW) de capacité dans les énergies renouvelables en 2030 a été ramené à entre 10 et 12 GW, a annoncé le géant norvégien de l’énergie Equinor, ce mercredi 5 février.
Malgré l’urgence climatique, Equinor, comme beaucoup de ses pairs, rechigne à sacrifier ses juteuses activités dans les hydrocarbures au profit des énergies renouvelables, notamment l’éolien en mer, beaucoup moins rentables.
Coupes budgétaires en chaîne
Avant elle, des majors européennes comme Shell et BP ont sabré dans leurs investissements dans la transition énergétique. TotalEnergies a aussi annoncé ce mercredi réduire de 500 millions de dollars (480 millions d’euros) - de 5 à 4,5 milliards de dollars (4,8 à 4,3 milliards d’euros) - la part allouée aux énergies bas carbone cette année.
De son côté, le danois Orsted, qui a renoncé aux énergies fossiles pour se concentrer sur les renouvelables, a dû procéder en janvier à des dépréciations massives sur fond de coûts élevés. Equinor, qui détient près de 10 % d’Orsted, renonce pour sa part à son objectif de consacrer la moitié de ses investissements bruts au secteur des renouvelables d’ici à 2030.
« C’est le marché qui change »
Le groupe prévoit en revanche d’accroître de plus de 10 % sa production de pétrole et de gaz en 2027 par rapport à 2024. C’est le marché qui change. Mon travail, c’est de créer de la valeur pour les actionnaires dans un marché qui évolue constamment , a justifié le directeur général, Anders Opedal, au journal norvégien Dagens Naeringsliv.
Les prévisions sur la demande de pétrole font aujourd’hui débat. Si l’Agence internationale de l’énergie (AIE) envisage un pic de la demande pétrolière mondiale d’ici la fin de la décennie, d’autres scénarios précisent qu’elle ne diminuera pas avant 2040 au moins, tandis que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit une progression au moins jusqu’à 2050.
Colère des ONG environnementales
La redéfinition des ambitions a hérissé les défenseurs de l’environnement. Equinor continue d’engranger des profits colossaux en accélérant le changement climatique, qui provoque davantage d’événements climatiques extrêmes, la fonte des glaces et des morts humaines , a dénoncé auprès de l’AFP le chef de Greenpeace Norvège, Frode Pleym, fustigeant une compagnie pétrolière vieux jeu et sale . L’ONG a appelé l’État norvégien, actionnaire à 67 % du groupe, à réagir à la mise au rebut des ambitions climatiques .
Recul du bénéfice net de 26 % en 2024
Ces annonces ont en revanche été bien accueillis par les analystes. Exactement ce que le marché voulait , a commenté John Collier d’ABG Sundal Collier, auprès du site d’informations économiques e24.no.
Après des années fastes liées à l’envolée des prix de l’énergie, le bénéfice net a reculé de 26 % en 2024, à 8,8 milliards de dollars (8,45 milliards d’euros), un niveau qui reste cependant historiquement élevé.